La démocratie locale sera-t-elle noyée dans la boue ?

 Muids Nature Environnement organisait samedi 25 novembre 2023 au Café de la Poste à Muids la projection du documentaire « Des cailloux dans la chaussure » : aux portes du Vercors, les habitants de Saint-Nazaire-en-Royans découvrent  qu’un projet de carrière de roches va bientôt défigurer le Mont Vanille,  la petite montagne surplombant la localité. Abasourdis par le gigantisme du projet, effaré par la superficialité de l’enquête publique, inquiets de la minimisation systématique de l’impact écologique,   les habitants se mobilisent pour prendre en main leur destin. Un nouvel équilibre local se dessine et  bouscule les rouages bien huilés d'un système établi entre les carriers, certains élus et les services de l’état.

 A l’issue de la projection, plus de 70 participants ont pu partager leurs réactions et échanger avec le bureau de Muids Nature Environnement et Claire Paplorey, présidente de l’association Gandalf de Daubeuf. Claire Paplorey a fait part de son expérience des cinq premières années d’extraction entre Muids et Daubeuf et de son inquiétude pour les  dix années à venir qui verront 184 nouveaux  hectares  de plaine ravagés et  décaissés sur 15 à 22 mètres de profondeur. Elle a notamment témoigné des nuisances déjà subies par les riverains et  de la difficulté pour Gandalf d’obtenir des analyses fiables de la qualité de l’air, et ce alors que le suivi du taux de silice est primordial  puisque la silicose est une maladie gravissime sans réelle possibilité de traitement médical.

 Le débat a  permis à  Muids Nature Environnement de faire un point sur les activités de carrière à Muids et de rappeler son objectif prioritaire : que l’activité des carriers sur le territoire de la commune de Muids s’arrête une bonne fois pour toute en 2028, à l’échéance des autorisations en cours. Avec pour première étape d’obtenir que Lafarge simple respect des dispositions de l’arrêté de mai 2022 par lequel le préfet de l’Eure a accordé au carrier une nouvelle prolongation de deux ans pour remblayer enfin les 21 hectares de la ballastière de Gorgeon des Rues et remettre le site du bord de Seine  en état agricole, sur des sols en dur. 

Or,  Muids Nature Environnement, qui a toujours déploré que cette autorisation ait été accordée en catimini, sans aucune information  de la part du Maire de Muids ni consultation publique, constate que Lafarge ne respecte même pas le planning révisé annexé à  l’arrêté préfectoral. Ainsi, un an et demi après l’octroi de la prolongation, aucun remblaiement n’est engagé (voir photo), alors que la partie Est de la ballastière doit avoir été remblayée en mai 2024. 



 En octobre, le président de Muids Nature Environnement, Philippe le Maignan,  a alerté le maire de Muids sur cette situation préoccupante. Lors de la réunion du conseil municipal  du 29 novembre 2023, le maire a indiqué ne pas avoir eu de réponse de Lafarge et à la stupéfaction générale a annoncé avoir déposé une demande en annulation du vote du 12 juillet 2023 ou son conseil s’était prononcé contre sa proposition d’utiliser des boues argileuses pour remblayer la ballastière de Gorgeon des Rues. Motif invoqué, le vote s’est effectué à main levée (le mode ordinaire de vote d’un conseil municipal) au vu et au su d’un public de quinze personnes (le droit des habitants à assister au conseil est un droit normal), public qui a assisté aux débats sans aucune manifestation d’aucune sorte. Bref, le conseil municipal de Muids s’étant prononcé pour la première fois contre le maire et son soutien obstiné aux projets des carriers, le maire demande purement et simplement l’annulation du vote ! Sous la férule de Bernard Leboucq, démocratie locale et transparence progressent à pas de géant à Muids ! 

Pour Muids Nature Environnement, le scénario à venir est désormais cousu de fil blanc. Lafarge n'a jamais commencé le remblaiement sur le site de Gorgeon des Rues, au mépris de l’arrêté préfectoral en vigueur, de façon à ne laisser qu’une seule issue possible : obtenir une troisième prolongation, la prolongation ultime qui reportera le remblaiement de la ballastière  de 2028 à 2045, en utilisant non pas  des matériaux de remblais en dur mais des boues argileuses de lavage de granulats, amenées depuis Bernières par un tuyau pharaonique de douze kilomètres de long, ceinturant pendant vingt ans l’ensemble de la commune.

Le préfet et les services de la DREAL ne sont-ils pas là pour faire respecter leurs arrêtés ? l’obstination du maire de Muids a vouloir faire autoriser l’usage des boues par son conseil Municipal renforce Muids Nature Environnement dans sa résolution à s’opposer à tout nouveau projet de carrière dans la boucle de Muids, et ultimement à tout nouveau projet de saccage des terres agricoles et du paysage sur la plaine entre  Muids et Andé que ce soit aujourd’hui ou dans 10 ans.

Si nécessaire Muids Nature Environnement, saura s’inspirer du combat mené par les habitants de Saint-Nazaire-en-Royans en s’appuyant sur le respect des votes, des lois et du soutient des Muidsiennes et Muidsiennes et de tous ceux attachés à notre beau territoire, dernier méandre encore préservé qui mériterait d’être classé de toute urgence au titre des paysages avant de disparaitre




Ci-dessous Photos d'un bassin de décantation de boues de Bernières 



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